Gilets jaunes
L’Office du dessin, papier quadrillé, crayon, acrylique, 2019–2022
“Les brigades
anti-citoyennetés veillaient au grain pour que les consommateurs ne
s’émancipent pas.”
N° 167B, A4, 2019N° 190, A4, 2019N° 182, A4, 2019N° 225, A4, 2021N° 176, A4, 2019N° 199, A4, 2019N° 268, A4, 2022N° 234A, A4, 2021N° 234B, A4, 2021N° 234C, A4, 2021N° 234D, A4, 2021N° 266A, A4, 2022N° 266B, A4, 2022N° 175, A4, 2019N° 183, A4, 2019N° 227, A4, 2021N° 228, A4, 2021N° 224, A4, 2021, Olivier Garraud, ADAGP
Dès les
premières pages du livre, on retrouve mes dessins de policiers. Ils nous
renvoient à la période des Gilets jaunes. Mouvement qui me permet de prendre
conscience des questions de classe qui structurent notre société. C’est un
véritable tournant dans mes réflexions qui trouvèrent soudain un écho dans
ce mouvement social. Deux ans plus tôt, j’avais débuté L’Office du dessin et
les Gilets jaunes me rattrapaient ; ils allaient m’engager définitivement à
assumer la construction d’une conscience politique.
[…]
Ce mouvement va
en effet me permettre de voir notre société sous un nouvel angle, mais cela
ne se fera pas sans heurts. Car les violences policières que j’observe de
semaine en semaine blessent, mutilent et tuent1.
Violences physiques auxquelles s’ajoutent les violences psychologiques et
juridiques ; les nasses, les gardes à vue, les comparutions immédiates et le
mépris de classe de certaines personnalités publiques qui, dans les médias,
ont étalé insultes et appels au meurtre : “beaufs poujadistes”, “France
moisie”, “qu’il est vraiment temps d’embastiller”, “qu’ils se servent de
leurs armes une bonne fois !”, “la police [doit] tirer à balles réelles”3. Jamais le désir de venger “ma race4” n’a
été aussi prégnant que depuis 2018. Pour rappel, les personnes qui
manifestaient réclamaient simplement plus d’égalité et de démocratie.
Olivier Garraud
Extrait de la section Gilets jaunes à retrouver en
intégralité de le texte de la monographie L’Office du dessin,
FP&CF, 2025
1 —
Entre 2018 et 2020, pas moins de 992 signalements ont été répertoriés par
le journaliste David Dufresne sur le réseau social feu Twitter:
– “Allo
Place Beauvau, c’est pour un bilan”, Mediapart, 2020.
— “Mort
de Zineb Redouane:les preuves qui accusent la police”, Disclose, 30 novembre
2020.
—
Mustapha Kessous, “Six ans après la mort de Zineb Redouane, percutée par une
grenade en plein visage, un CRS mis en examen pour “homicide involontaire”, Le
Monde [en ligne], 28 novembre 2024.
2 —
Florilège que l’on peut notamment retrouver dans cet article d’Etienne Campion
et Hadrien Mathoux, “Centrisme autoritaire : top 10 des “modérés” champions
du mépris de classe”,
Marianne [en ligne], 5 août 2020.
3 —
“Race”, au sens où Annie Ernaux emploie ce mot : “Cette phrase, je n’ai pas
besoin de la chercher loin. Elle surgit. Dans toute sa netteté, sa violence. Lapidaire. Irréfragable. Elle a été écrite il y a
soixante ans dans mon journal intime. “J’écrirai pour venger ma race.” Elle
faisait écho au cri de Rimbaud:“Je suis de race inférieure de toute
éternité.” J’avais 22 ans.”
Annie
Ernaux, “Annie Ernaux : “J’écrirai pour venger ma race”, le discours de la
Prix Nobel de littérature 2022”, Le Monde [en ligne], 7 décembre 2022.