Spolier plus pour polluer plus
Exposition personnelle, galerie RDV, Nantes, 2022“L’Office du dessin fonctionne comme un journal de bord.”
Olivier Garraud, ADAGP
Introduction
Le titre de l’exposition tire son nom du texte de l’un des dessins exposés. Celui-ci propose d’articuler les termes spoliation et pollution, afin de mettre en perspective la responsabilité écologique et sociale des multinationales et de la classe dominante.
Cette réflexion a notamment été nourrie par le livre de Mickaël Correia, Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète.1 Ce livre prend comme point de départ le fait que 70 % des émissions de gaz à effet de serre sont le fait de cent entreprises dans le monde.
L’exposition peut être considérée comme une chronique parcellaire des événements de l’actualité récente. L’Office du dessin fonctionne comme un journal de bord. Tous les dessins présentés sont le fruit d’un travail quotidien de prise de notes et de croquis consignés dans des carnets. Ainsi, au gré des dessins présentés, sont traités les sujets de l’agriculture, du transport, de la vieillesse, des hiérarchies sociales, des inégalités, du chômage, des milliardaires, de la démocratie, de l’écologie…
L’Office du dessin. Un jeu de construction dessiné
Depuis 2016, j’utilise le quadrillage comme un outil pour construire l’ensemble de mes dessins. Les petits carreaux me servent en ce sens de matrice, une matrice qui rend mes dessins géométriques. Partant du principe que l’on peut tout dessiner avec des formes simples, j’envisage le dessin comme un jeu de construction. J’utilise également la technique de la mise au carreau dite du carroyage pour réaliser des portraits, des modèles précis de voiture, etc.
Dessin mural et outils
L’exposition comprend un dessin mural qui reprend un motif de vagues, déjà présent dans mes dessins sur papier. J’ai souhaité offrir un environnement spécifique à l’ensemble de mes dessins. Ce dessin mural est combiné à l’horloge Bientôt trop tard, qui vient donner du sens à ce motif.
Pour ce dessin mural, j’ai utilisé un instrument fabriqué spécifiquement pour l’occasion. Je l’ai préalablement dessinée sur ordinateur, puis elle a été réaliser avec une découpe laser. Pour mes dessins sur papier, j’avais déjà réalisé un trace-lettres et une règle “vagues” comme celle-ci. Je les ai d’ailleurs utilisée sur certains dessins que l’on retrouve dans l’exposition.
Horloge bientôt trop tard
À mi-chemin entre le dessin encadré et l’objet-sculpture, cette proposition reprend le concept de l’horloge de l’Apocalypse (Doomsday Clock en anglais). Sur cette horloge conceptuelle – créée au début de la guerre froide, en 1947, par les scientifiques de la revue Bulletin of the Atomic Scientistes de Chicago – minuit représente le moment de la fin du monde. Ses aiguilles oscille en fonction des dangers nucléaires, technologiques et climatiques qui pèsent sur l’humanité. Sa dernière mise à jour remonte à 2020. Depuis, elle affiche cent secondes avant minuit.
Olivier Garraud
Partenaire de l’exposition : Ville
de Saint Nazaire
Crédits photographiques : Fanny Trichet
1 - Mickaël Correia, Criminels climatiques. Enquête sur les multinationales qui brûlent notre planète, Paris, Éditions La Découverte, 2022