Étant donné la situation nous ne changerons rien
Exposition personnelle, Cité des arts, Paris, 2019“La question de l’instrumentalité du langage et du trait est ici centrale.”
Olivier Garraud, ADAGP
“Dès qu’elle est proférée, la langue entre au service d’un pouvoir. (…) Dans la langue, donc, servilité et pouvoir se confondent inéluctablement.”1
À l’occasion d’une résidence à la Cité des Arts donnant lieu à une exposition, Olivier Garraud présente pour la seconde fois son travail à Paris. Intitulée Étant donné la situation nous ne changerons rien, un titre jouant sur différents registres, l’exposition regroupe une sélection d’œuvres issues de L’Office du dessin - protocole de travail dans lequel l’artiste range ses travaux réalisés au crayon posca sur papier - ainsi qu’un film d’animation. Diplômé des Beaux-Arts de Nantes, Olivier Garraud développe une pratique compilatoire centrée sur le dessin noir et blanc, figé ou animé. Le médium s’y déploie dans son potentiel transitif, plaçant la parole et le geste, dans sa temporalité, au cœur des espaces.
Au croisement de plusieurs imaginaires, le travail d’Oliver Garraud interroge les lignes de partage d’un même lieu, celui de la feuille. Collision entre de l’intimité d’un médium longtemps dit “préparatoire” et de la sphère publique, des opinions omniprésentes, le trait de l’image comme du texte plastique insuffle ici une réflexion critique sur les contradictions et les maux des sociétés urbaines. L’artiste joue avec les codes de représentations.
Teinté d’un humour noir comme l’encre du posca, le travail mêle emprunts à la culture élitiste (références à la peinture de genre, à l’hypergraphie et méca-esthétique lettriste, à l’art minimal) et populaire (bande-dessinée, slogans de publicité, industrie télévisuelle et domestique, société du divertissement, iconographie du quotidien, réseaux sociaux, science-fiction etc. …). Oliver Garraud se saisit d’un outil d'action directe, le dessin critique, pour ériger une réalité, elle, de moins en moins tangible. Cet emboitement d’espace, d’iconographies et d’énoncés, dont le sens émerge souvent dans un second temps, révèle une puissante force narrative, autant qu’une économie réticulaire, (l’usage du crayon) proche du do it yourself.
Extrait du texte Étant donné la situation, nous ne changerons rien, à retrouver dans son intégralité dans la partie texte du site.
Plus d’informations : Cité internationale des arts Curatrice : Agnès Violeau
Partenaires de l’exposition :
CEA / Association française des commissaires d’exposition
Région Pays de la Loire
Revue Point contemporain
Crédits photographiques : Rebecca Fanuele
1 – Roland Barthes, Leçon inaugurale, 1977